La somatopathie, comment ça marche ?
Toute personne confrontée à une souffrance émotionnelle à laquelle il est impossible de s’adapter à cause de son trop jeune âge, ou de la violence de la situation, ou de sa répétition excessive, garde dans son corps physique la mémoire de cet événement. Mais elle n’y aura pas accès avant d’avoir la solidité suffisante pour s’y confronter à nouveau et y apporter une résolution, c’est-à-dire digérer l'événement, être libre et en paix. Cette résolution peut se produire à la suite d’un travail intérieur, d’une psychothérapie par exemple. Les symptômes physiques qui apparaîtront alors marqueront la nécessité d’ajuster l’équilibre du corps à ce qui se résout. Mais bien plus souvent la résolution passe par une réactivation : quelque chose se produit dans la vie du sujet qui éveille les mêmes émotions que celles qu’il n’a pas digérées. En s’y trouvant à nouveau confronté, dans cette maturité et solidité suffisante, il devient possible de s’y adapter, avec l’aide du somatopathe. L’émotion se libère, la zone figée cède, la structure retrouve sa souplesse et les symptômes disparaissent…
De la zone figée aux symptômes
Les émotions insurmontables auxquelles nous avons été confrontés, ou celles que nous avons perçues de nos parents, surtout si elles n’ont pas été dites, entraîneront des dysfonctions somatopatiques crâniennes.
La boîte crânienne est un assemblage de rouages (les os du crâne) qui s’articulent entre eux et se transmettent le mouvement rythmique du corps appelé MRP (Mouvement Respiratoire Primaire), comme l’a démontré Sutherland. Ces rouages sont reliés par la continuité des fascias qui jouent le rôle de courroies, à tous les espaces du corps. Ainsi une zone figée crânienne peut provoquer des symptômes périphériques comme des douleurs articulaires, vertébrales, digestives, insomnies, et bien d’autres.
Exemple : Virginie vient consulter pour une douleur du genou droit. A l’examen crânien, la zone de l’os temporal droit est figée. En l’interrogeant, Virginie précise que cette douleur a commencé avec une crise de couple et son sentiment de ne pas être comprise de son conjoint. Cela réactive la souffrance de communication qu’elle a vécu à 5 ans lorsque ses parents se sont séparés, ce qui l’a éloignée de son papa avec qui les liens de complicité se sont rompus.
A 5 ans Virginie n’avait pas le recul, la maturité, ni même la construction cérébrale nécessaire pour s’adapter à cet événement lourd et douloureux. Elle ne peut le résoudre qu’à travers la solidité de son âge adulte, et sa crise de couple lui en offre l’opportunité.
La dimension trans-générationnelle de la somatopathie
En tant que mammifères, nous sommes soumis aux mêmes lois que toutes les espèces vivantes. Parmi celles-ci, les mécanismes de survie de l’espèce impliquent que lorsqu’un individu est soumis à un stress important, il transmet à sa descendance, à son insu et par voie inconsciente, le signal que ce type de situation, même beaucoup moins intense, est potentiellement très dangereux.
Depuis quelques années, la recherche scientifique a démontré que cette transmission se fait par voie génétique, le stress rencontré modifiant l’expression du génome. On nomme cette recherche l’épigénétique. Ainsi, même s’il n’a pas connu ses grands-parents et leur histoire, un enfant porte en lui la mémoire de ce qu’ils ont vécu d’insurmontable et cela l’impactera.
Exemple : Martial vient consulter pour un lumbago aigu. Il vient de déménager et suspecte un faux mouvement même si la douleur a commencé une bonne dizaine de jours après. Il signale qu’il s’agit du troisième épisode de ce type pour lui. La première fois il avait 17 ans ; c’était la rentrée scolaire, dans un nouvel établissement où il ne connaissait personne. La deuxième fois, c’était au moment où sa compagne est venue s’installer chez lui.
L’examen révèle les reins figés, c’est-à-dire une mémoire de stress de territoire trans-générationnelle. Martial confirme en expliquant que ses grands-parents maternels étaient Pieds-Noirs et ont dû quitter l’Algérie et y laisser tous leurs biens, et que son grand-père paternel a fui l’Espagne franquiste.
Chaque fois que Martial rencontre une souffrance de territoire, même minime, cette vielle mémoire se réactive, comme un signal, et provoque une rétraction tissulaire des loges rénales impactant l’équilibre lombaire. Lorsque la réactivation est trop importante, cela peut aller jusqu’au blocage…
Toute personne confrontée à une souffrance émotionnelle à laquelle il est impossible de s’adapter garde dans son corps physique la mémoire de cet événement.
Elle n’y aura pas accès avant d’avoir la solidité suffisante pour s’y confronter à nouveau et y apporter une résolution.
Les symptômes physiques qui apparaîtront alors marqueront la nécessité d’ajuster l’équilibre du corps à ce qui se résout. La résolution passe le plus souvent par une réactivation : quelque chose se produit dans la vie du sujet qui éveille les mêmes émotions que celles qu’il n’a pas digérées. En s’y trouvant à nouveau confronté, l’émotion se libère, la zone figée cède, la structure retrouve sa souplesse et les symptômes disparaissent.
Texte Odile BAUDONNEL